Symposium de lyre moderne à Brissago

Du 19 au 22 juin se tiendra à Brissago un symposium sur la lyre en tant qu'instrument artistique et thérapeutique. Les séminaires seront assurés en anglais, en allemand et en italien (avec traduction en italien le cas échéant). Giovanni Tobia De Benedetti a interviewé Sarah Cestaro, l'initiatrice et organisatrice du symposium.

Le Tessin n'avait jamais accueilli un symposium sur la lyre d’une telle ampleur. Est-ce une première ?

C'est la première fois qu'un symposium d'une telle ampleur est organisé au Tessin, réunissant des enseignants, des musiciens et des participants de Suisse, d'Europe et des États-Unis. Ce projet doit beaucoup à la disponibilité et à l'altruisme de musiciens et d'enseignants qui ont accepté d'animer des ateliers et de donner des concerts. À cette occasion, une exposition de lyres historiques sera également proposée, des premières lyres de 1928 aux modèles modernes, et un maître facteur de lyres sera sur place pour répondre aux questions des visiteurs. Des concerts publics, ouverts à la population locale ainsi qu'aux touristes intéressés, sont également prévus.
Le choix des lieux où se dérouleront le symposium et les concerts est le résultat d'une synergie positive et du soutien de nombreux partenaires, notamment des fondations, des associations, des communes tessinoises et des mécènes privés, qui ont reconnu la valeur socioculturelle et historique de l'initiative. Tout cela contribue à promouvoir la connaissance et la diffusion de la musique de lyre en Suisse italienne, et offre au public italophone la possibilité de participer à de nouvelles activités et de suivre des cours spécifiques.

L'association Vega a été créée pour l'organisation de ce symposium. Quels sont ses autres domaines d'activité ?

L'association Vega a été fondée cette année et réunit des personnes qui partagent une passion pour la musique et la lyre. Elle vise à promouvoir la lyre moderne en tant qu'instrument de musique et à encourager son utilisation dans des contextes culturels, artistiques, pédagogiques et thérapeutiques, aussi bien au Tessin qu'à l'échelle nationale et internationale. Pour atteindre ces objectifs, l'association organise des cours, des concerts, des échanges musicaux et des rencontres entre associations de lyre, ouvertes également aux non-membres, afin de jouer ensemble et d'approfondir l'étude de cet instrument. Nous soutenons la communauté musicale en établissant des contacts entre les élèves, les professeurs et les musiciens, et en donnant des conseils pour l'achat ou la location de lyres. Nous tenons également à promouvoir et à diffuser le matériel pédagogique et culturel en rapport avec l'étude de la lyre.
Vega collabore avec des collègues et des organisations nationales et internationales afin de soutenir le développement du mouvement moderne de la musique de lyre. Nos activités comprennent également la préservation d'instruments rares ou de valeur historique, ainsi que la promotion de nouvelles compositions et d'innovations instrumentales s'inspirant de la vision anthroposophique.

Pouvez-vous nous donner plus de précisions sur la lyre ? Pourquoi la qualifier de moderne ? Quand a-t-elle été créée et en quoi diffère-t-elle de la lyre antique ? Pourquoi est-elle particulièrement adaptée aux usages thérapeutiques ?

La lyre contemporaine a vu le jour en 1926 et célébrera donc son centième anniversaire l'an prochain. Elle est étroitement liée au travail de pionnier en matière de pédagogie curative et de sociothérapie, impulsé par Rudolf Steiner et réalisé entre autres par Ita Wegman. C'est ainsi que l'instrument s'est répandu, d'abord en Suisse, puis en Europe et dans le monde entier. Si la lyre moderne rappelle la kithara de l'Antiquité grecque, elle en diffère toutefois fondamentalement par sa forme et sa qualité sonore. Elle est le fruit des recherches du musicien Edmund Pracht et du facteur de lyres Lothar Gärtner, qui ont conçu cet instrument dans un souci esthétique et spirituel, afin qu'il réponde aux besoins profonds des enfants et des adultes souffrant d'infirmités. Suivant les instructions de Rudolf Steiner et en collaboration avec Ita Wegman, ils ont développé un instrument aux propriétés sonores thérapeutiques qui favorise l'émergence d'une nouvelle capacité d'écoute intérieure.

Un centre important pour le développement et la diffusion de la lyre au Tessin était le foyer pour enfants La Motta à Brissago, où Pracht, Gärtner et l'eurythmiste Johanna Russ ont collaboré avec des pédagogues et des thérapeutes à partir de 1938. De nombreuses compositions pour lyre y ont vu le jour, dont des œuvres orchestrales qui sont encore jouées aujourd'hui. Pendant des années, l'orchestre international de lyre s'est régulièrement réunie à La Motta et en se produisant lors de fêtes et de célébrations organisées par d'autres instituts anthroposophiques en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et ailleurs.
Entre-temps la lyre n'a cessé d'évoluer : aujourd'hui, il existe différents modèles dans les registres soprano, alto, ténor et basse. Les lyres peuvent être pentatoniques (particulièrement adaptées aux enfants), diatoniques ou chromatiques, selon les besoins musicaux et thérapeutiques. L'instrument a été perfectionné de manière à répondre à la fois à des objectifs thérapeutiques et artistiques, tout en permettant une interprétation musicale de qualité. Dans le domaine thérapeutique, la lyre joue un rôle important dans la musicothérapie anthroposophique. Son son pur, harmonieux et enveloppant est perçu comme profondément bienfaisant et équilibrant par les patients. Elle favorise le calme, l'introspection et la méditation, aidant à rétablir l'harmonie entre le corps, l'âme et l'esprit.

Les propriétés thérapeutiques de la lyre agissent sur différents niveaux :
- La mélodie stimule la pensée (système neuro-sensoriel).
- L'harmonie stimule le ressenti (système rythmique et respiratoire).
- Le rythme et le mouvement activent le système métabolique des membres.

On peut dire que la lyre moderne permet de prendre en compte l'être humain dans sa globalité. Dans mon expérience professionnelle de musicothérapeute, j'ai utilisé la lyre avec des personnes de tous âges, de la naissance à la fin de vie. Dans le cadre des soins palliatifs, la lyre a souvent aidé les patients et leurs familles à aborder la dernière étape de manière sereine et à créer une atmosphère de paix et d'acceptation.

 

Le directeur de la Casa Andrea Cristoforo a œuvré pour que la Casa s'intègre aux activités culturelles d'Ascona et de Locarno, et qu'elle ne se limite pas au cercle des amis germanophones. Que pensez-vous de l'organisation du symposium ? Dans quelle mesure le soutien des institutions locales ou de la société est-il décisif ?

L'équipe de la Casa Andrea Cristoforo a accueilli cette initiative avec beaucoup d'enthousiasme et a mis à disposition la salle Ita Wegman pour le concert d'ouverture, qui se tiendra dans une atmosphère des plus chaleureuses. Le concert est ouvert aux hôtes de la Casa et aux participants du symposium, ainsi qu'au public extérieur. L'événement a fait l'objet d'une publicité sur différentes plateformes, dans des bulletins d'information intercantonaux, fédéraux et européens, et devrait toucher un très large public, notamment grâce au réseau de contacts mis en place par l'association Vega, qui comprend des écoles, des organisations et des institutions culturelles.
L'institut La Motta, qui parraine le symposium et met à disposition les locaux, la Casa Andrea Cristoforo, la branche Adriano Olivetti et la commune de Brissago collaborent également à la diffusion de l'événement. Les nombreux soutiens privés, qui ont contribué généreusement tant sur le plan financier qu'en apportant des solutions pratiques pour limiter et couvrir les frais d'organisation, jouent aussi un rôle important.
Ce n'est que grâce au parrainage, à l'encouragement et au soutien des institutions publiques, des autorités locales, des associations culturelles, ainsi que des donateurs et mécènes privés, que ce projet a pu voir le jour. Le symposium est un exemple réussi de collaboration entre différents acteurs unis par la volonté de promouvoir la culture et d'ouvrir le territoire.

Compte tenu de la durée de la conférence (trois jours), du nombre d'artistes invités, de deux concerts publics et de la multitude d'ateliers, le montant de 100 CHF pour les frais de participation est très réduit. La base économique de cet événement repose-t-elle uniquement sur le soutien de fondations ou de passionnés ?

Nous avons délibérément opté pour des frais de participation aussi bas afin de rendre l'événement accessible au plus grand nombre de participants. Nous avons tenu compte du fait que nombreux d'entre eux, venant de loin, doivent également assumer les frais de déplacement, de restauration et d'hébergement. C'est pourquoi nous nous sommes concentrés sur la réduction et la couverture de ces frais, afin de ne pas imposer une charge supplémentaire aux participants. Tout cela n'a été possible, comme nous l'avons déjà mentionné, que grâce au patronage généreux de la fondation La Motta, de différents partenaires, de donateurs privés, mais aussi grâce à la volonté et à la contribution volontaire des enseignants et des musiciens qui ont soutenu ce projet. C'est à toutes ces personnes que nous adressons nos remerciements les plus sincères et profonds.

Le Tessin est un pont idéal pour les échanges entre l'anthroposophie en Allemagne et en Italie. La grande ville la plus proche, Milan, en Italie, est le siège de nombreux groupes et initiatives anthroposophiques. Collaborez-vous d'une manière ou d'une autre avec la société italienne ?

Le Symposium pour la Lyre moderne 2025 est le premier événement de ce type entièrement proposé en italien. Il a également été conçu pour renforcer les rencontres, les échanges et la collaboration entre les personnes, les organisations et les institutions de langue italienne. Le Tessin, situé à la croisée des cultures germaniques et italiennes, est le point de rencontre naturel entre le nord et le sud de l'Europe. Nous voulons profiter de cette position pour promouvoir un dialogue actif et de nouvelles coopérations internationales, y compris dans la diffusion de la lyre moderne et du développement de l'anthroposophie dans les domaines de la musique, de la pédagogie et de la thérapie.

Comment est née la collaboration avec la branche Adriano Olivetti, récemment créée ?

C'est lors d'une première rencontre avec l'eurythmiste Maria Enrica Torcianti, membre actif de la branche, que j'ai eu l'idée d'organiser le concert de clôture du symposium dans le Sottoceneri. Cette proposition a été accueillie avec enthousiasme par le groupe dès le début. Malheureusement, il n'a pas été possible de trouver une salle répondant à nos exigences logistiques et acoustiques. Le concert a donc été organisé à Brissago. Malgré cela, la branche Adriano Olivetti reste un soutien précieux, qui participe activement à la promotion du symposium et collabore avec l'association Vega pour diffuser l'initiative dans la région. Nous sommes heureux de voir naître cette année au Tessin deux projets d'inspiration anthroposophique qui se soutiennent mutuellement et collaborent dans un esprit d'ouverture et de partage.

Nous vous remercions pour cet entretien et souhaitons bonne chance au symposium !

 

Site internet du symposium : https://areamusicoterapia.com/simposio-musicale-di-lira-moderna-brissago-2025/