FondsGoetheanum: sociothérapie

Recherche pour la qualité de la prise en charge


Actuellement, de nombreux projets de recherches internationaux sont en route. Les thèmes étudiés sont la recherche sur des bases anthroposophiques, l’histoire de la pédagogie curative anthroposophique, la signification du colloque autour de l’enfant et comment avancer avec des personnes handicapées vieillissantes.
Un projet de recherches suisse pourrait être conclu dans le cadre d’une thèse à l’université de Siegen (DE)*. Au centre se trouve le concept de développement de la qualité « Chemin vers la qualité » agréé par les autorités, qui a été élaboré en coopération avec les institutions anthroposophiques. Dans le domaine spécialisé de la pédagogie curative il y a beaucoup de réticences vis à vis des concepts de qualité. On craint que la spécificité du travail ne puisse pas être perçue.
Par une large consultation de collaborateurs de 26 institutions, des interviews avec de nombreuses personnes présentant des handicaps, la participation des familles et des personnes chargées des audits, ce projet montre, que « Chemin vers la qualité » peut s’appliquer de manière fructueuse et prend en considération la  spécificité  de l'accompagnement, des soins et de la prise en charge des personnes présentant un handicap.
Le concept soutient les efforts dans la pratique de manière multiple, si bien que son introduction ne satisfait pas seulement la demande des autorités, mais augmente effectivement et durablement la qualité de la prise en charge et de l’accompagnement pour les personnes handicapées.

Matthias Spalinger, Responsable au vahs
(Association pour la pédagogie curative anthroposophique et la sociothérapie – Verband für anthroposophische Heilpädagogik und Sozialtherapie) vahs

*) Andreas Fischer: Au sujet de la qualité des relations en institution pour la personne handicapée

Actuel – Octobre 2010

L’élément individuel se révèle avec l’âge encore une fois de façon claire, sensée et pleine de valeur.

Vieillesse et handicap – y trouver un sens.
La vieillesse et le handicap représentent un double défi. La sociothérapie anthroposophique montre des chemins pour y trouver un sens et un bénéfice.

« Aujourd’hui à 68 ans je peux passer une vie agréable de retraité, j’aide encore volontiers au bureau, au magasin ou au tri du courrier » écrit un homme handicapé à la fin de son livre de souvenirs. Grâce à une bonne prise en charge, les personnes handicapées deviennent toujours plus âgées : depuis 1990, le nombre de quinquagénaires dans les institutions a plus que doublé, il a même décuplé pour les plus de 60 ans.
Cet état de fait amène à différents niveaux de nouvelles questions et de nouveaux défis. Questions que doivent se poser toutes les institutions du domaine de la sociothérapie, mais aussi les collaborateurs, les parents et les organismes payeurs. Le fait est que le handicap et l’âge sont des notions considérées socialement comme négatives et portent en elles le danger d’un double confinement. Même s’il s’installe aujourd’hui une nouvelle culture de la vieillesse – dans un sens positif comme dans un sens négatif – la question du vieillissement des personnes avec un handicap se pose encore une fois d’une manière toute différente. Les personnes sans handicap peuvent se préparer à cette nouvelle phase de leur vie de façon précise, profiter de mesures préventives et planifier consciemment leur sortie du monde du travail. Simultanément, elles sont aussi en mesure de comprendre les limitations qui vont souvent de pair avec le processus du vieillissement et par là même de les accepter. Pour les personnes handicapées, c’est souvent très lourd ou simplement impossible, elles sont alors dépendantes de l’aide, de la protection, de l’accompagnement. Depuis de nombreuses années déjà, la sociothérapie anthroposophique s’occupe de la question du vieillissement des personnes handicapées. Elle se base sur une compréhension de l’être humain pour laquelle l’âge, mais aussi le mourir et la mort ne sont pas seulement assimilés à des valeurs négatives, mais donnent un sens et de la valeur.

Les transitions sont mises en place de manière individuelle

Comme les personnes handicapées vieillissent aussi de façon individuelle, il est question d’un accompagnement personnel orienté vers les besoins,  cela peut aller depuis des propositions culturelles et spirituelles jusqu’à des mesures  dans la construction et l’organisation.
Les différents domaines de vie d’une personne handicapée – le domicile, le travail, le temps libre, la culture, les contacts sociaux et l’autodétermination – doivent être réfléchis, transformés et adaptés ensemble avec elle. Beaucoup de personnes concernées expriment le désir de rester dans leur environnement habituel et familier et de pouvoir aussi prendre part à la vie sociale et culturelle. La réalisation individuelle de transitions dans tous ces domaines de la vie dans l’accompagnement des personnes handicapées vieillissantes représente un grand défi. Le changement de la vie active à la retraite doit être planifié avec une grande délicatesse ; quelques  personnes handicapées encore loin de l’âge de la retraite ne sont plus capables d’assumer un temps complet dans un atelier et ont besoin d’une plus grande pause. La charge de travail doit être alors réduite progressivement parce que ces personnes ne supportent pas le changement brusque d’une activité à temps complet à la retraite, appliqué dans la « société normale ». Cela représenterait pour eux une dévalorisation.

Un travail biographique difficile mais précieux

Cela montre que les collaborateurs qui s’occupent de personnes vieillissantes  doivent répondre à des sollicitations tout à fait spécifiques et particulières, d’une part par rapport à la capacité de dialoguer et de prendre position, d’autre part par rapport aux thèmes et aux questions de la vieillesse. Comme chez toutes les personnes qui vieillissent, le travail biographique revêt une importance particulière, car avec l’âge des souvenirs de l’enfance reviennent à la conscience ou influencent l’attitude dans certaines conditions. C’est la tâche de l’accompagnant d’amener des évènements biographiques à la conscience par une rétrospective, parce que pour beaucoup de personnes handicapées qui ont passé leur vie dans une institution de sociothérapie ou de pédagogie curative, il existe peu de témoignages biographiques. En outre, beaucoup ont vécu dans leur biographie des désavantages sociaux comme une exclusion, un refus, des connotations négatives et la perte ou le manque de personnes de référence familières ; tous ces évènements, avec l’âge, deviennent de nouveau actuels et peuvent entraver le processus du vieillissement. Cependant, avec un accompagnement compétent, on vit souvent que les personnes âgées avec un handicap font encore des progrès, ce qui montre que devenir vieux n’est pas seulement une charge. Au contraire, des progrès sont possibles et ainsi, ce qui est spécifique à une biographie peut se montrer encore une fois clairement.

Andreas Fischer

www.hfhs.ch