FondsGoetheanum: pédagogie et éducation des petits

« Je ne suis pas seulement ce que je suis, mais je suis sur la voie de devenir ce que je ne suis pas encore ».

Les séminaires pédagogiques

Akademie für anthroposophische Pädagogik (y compris pédagogie élémentaire)
4143 Dornach
www.paedagogik-akademie.ch

BeFAP, Berufsbegleitende Fachausbildung für anthroposophische Pädagogik
3063 Ittigen
www.befap.ch

FPAS, Formation pédagogique anthroposophique de Suisse romande
1023 Crissier
www.fpas.ch

Kindergartenseminar Bern
4144 Arlesheim
www.rudolf-steiner-kindergartenseminar.ch

Freie Schule für Kunsthandwerk
4053 Basel
www.handarbeitsseminar.ch

Coordination des écoles Rudolf Steiner en Suisse et au Liechtenstein
8032 Zurich
www.steinerschule.ch

Stiftung zur Förderung der Rudolf Steiner Pädagogik in der Schweiz
Cette fondation, créée il y une vingtaine d’années, a pour but de promouvoir dans l’ensemble de la Suisse le développement et l’actualisation des idées pédagogiques énoncées par Rudolf Steiner. Elle soutient les écoles Steiner, les jardins d’enfants, les séminaires et les institutions qui sont directement liées à la Communauté de travail des écoles Steiner, notamment en octroyant des prêts sans intérêt pour leur permettre de se désendetter ou de faire des travaux de rénovation. Elle soutient aussi les articles, les études, les conférences et les colloques. Des questions ? Ecrivez nous: stiftung-r.steinerpaedagogik@bluewin.ch

L'éducation des enfants est-elle un art ?

Dans la pédagogie anthroposophique, l’art occupe une place très importante : comme lien entre pouvoir et savoir, mais aussi tout simplement par la grande place accordée aux activités artistiques.

Quand parle-t-on d’art, par exemple d’art de guérir ? Quand « pouvoir » et « savoir » forment un tout et peuvent être appliqués ensemble. Dans les écoles Steiner, on parle aussi volontiers de l’art de l’éducation, car on s’efforce de relier les connaissances et les capacités.

Gènes ou environnement ?

On considère souvent que l’enfant est le fruit d’une double influence, celle de sa prédisposition génétique et celle de sa socialisation. Les sciences cognitives ont montré que ces deux types d’apports se réunissent dans un système neurologique ouvert et, pour finir, donnent l’être humain qui nous apparaît. Mais celui-ci nous montre qu’un troisième élément entre en jeu à côté de ces deux premiers.

Le troisième élément

On peut définir ce troisième élément comme ce qui est là pour la prédisposition. Car je ne suis pas ma prédisposition, mais j’ai une prédisposition. Je ne suis pas ma socialisation, je fais l’expérience de ma socialisation. Mais ce que je possède par ma prédisposition génétique et ce que je vis à travers les circonstances de ma socialisation, les expériences de ma jeunesse, les expériences au jardin d’enfants, tout ce que l’école m’apporte, la façon dont mes parents me traitent, ce que j’expérimente et j’apprends grâce à mes professeurs, tout cela me marque. Plutôt qu’un point de vue double, on privilégiera donc un point de vue triple : l’être humain (l’enfant) a une prédisposition génétique, mais il n’est pas cette prédisposition, et il passe par une socialisation, qui le marque, mais à laquelle il ne se résume pas. Le troisième larron, dans l’affaire, est l’être humain lui-même. Et c’est de cela qu’il s’agit.

Que signifie « pouvoir » pour un enfant ?

Beaucoup. Par exemple, que dans un jardin d’enfants Steiner, on a le courage de laisser les enfants jouer, parce qu’on sait que le jeu crée l’équilibre nécessaire entre la prédisposition et la socialisation : l’enfant commence à se sentir bien « chez lui », il apprend à se servir de ses instruments.

Le jeu est un grand maître

Si elle constate une difficulté, la jardinière d’enfants pourra intervenir au niveau où se trouve l’enfant. Par exemple, si celui-ci présente un problème de langage, il bénéficiera d’une thérapie adaptée. Ou bien le jeu, les vers, les rondes, le soin des sens, ont-ils déjà un effet thérapeutique par eux-mêmes ?
De quoi peut venir un problème de langage ? Du fait, par exemple, que quand il était tout petit, l’enfant n’a pas eu suffisamment d’expériences tactiles, qu’on ne lui a pas suffisamment donné l’occasion de toucher. C’est en effet au niveau du centre du toucher, dans le cerveau, qu’est stocké par la suite le vocabulaire. Un jeu raisonnablement guidé, avec de nombreuses expériences tactiles, peut très bien stimuler le langage et amener à se développer complètement ce qui avait tout juste commencé à poindre.

L’école a une mission sociale : plus l’hétérogénéité est grande, plus il y a d’intérêt, de tolérance et d’entraide.

La motivation qui vient de l’intérieur

Dans les écoles Steiner, on sait combien l’envie d’apprendre est importante.
On emploie d’ailleurs à ce propos une expression démodée (de Piaget), la « motivation intrinsèque », c’est-à-dire la motivation qui vient de l’intérieur. Prenons un élève qui aime les mathématiques, ou disons la chimie. Dans un programme scolaire classique, il peut s’adonner à son penchant au maximum pendant 45 minutes, trois fois par semaine peut-être. Avec une telle pédagogie, qu’obtient-on ? Un paquet de nerfs.
Mais on peut procéder autrement : enseigner les mathématiques ou la chimie chaque jour deux heures de suite pendant quatre semaines. On n’est pas pressé, on peut continuer ce que l’on a commencé la veille ou l’avant-veille. On peut sonder la matière, l’enrichir, la travailler d’une manière interactive. Les élèves vont peut-être construire eux-mêmes une hyperbole au lieu de se contenter de la regarder à l’ordinateur. La science, aujourd’hui, le confirme : les activités manuelles fines, intelligentes, stimulent la capacité d’apprendre. N’utiliser que la tête l’épuise. Ce mode d’enseignement s’appelle l’« enseignement par périodes ».

Apprendre à oublier

Les écoles Steiner sont différentes par beaucoup de choses. Elles permettent même à l’élève d’oublier une partie de ce qu’il avait fait de grands efforts à apprendre. En effet, ce n’est pas parce qu’il n’a pas le droit d’oublier quoi que ce soit qu’il acquiert une bonne mémoire ; c’est en oubliant puis en se rappelant à nouveau, guidé par quelqu’un d’expérimenté. La mémoire de travail et la mémoire à long terme sont ainsi entraînées séparément : qu’est-ce que je peux oublier maintenant, qu’est-ce que je ne dois pas oublier ? Ce principe s’exprime, dans le plan scolaire, par les matières qui demandent beaucoup d’exercice et qui sont répétées toutes les semaines, ainsi que dans les périodes, où apprendre et comprendre sont les éléments primordiaux. C’est comme une respiration dans l’intellect.
Il fut un temps où l’on pensait que l’art (y compris à l’école) était un luxe. Et l’idée n’est pas encore complètement sortie de toutes les têtes. Mais si l’on prend la recherche au sérieux, on sait depuis le début de ce siècle au moins qu’une éducation artistique est indispensable à une activité intellectuelle créative. On sait alors que les bases du dessin ou de la peinture créent les conditions fondamentales pour s’orienter dans le monde. C’est pourquoi ces écoles proposent des cours de musique et d’arts plastiques. Même pour les élèves qui ne sont doués ni pour la musique ni pour le dessin. Car il n’y en a pas. Là encore, si le plan scolaire coupe le souffle, il peut aussi aider à respirer.

Montrer, imiter, faciliter

Depuis la découverte des neurones miroirs, on sait que le petit enfant n’apprend pas avec son intellect. Il apprend à partir d’exemples qui le stimulent, de modèles dignes d’être imités. Cela montre, d’une part, la responsabilité éthique que l’on porte quand on enseigne, mais aussi les conséquences très concrètes qui en découlent. Par exemple, apprendre les langues étrangères tôt d’une manière intellectuelle est une torture : beaucoup en ont fait l’expérience et préfèrent oublier cette époque. Mais apprendre une langue étrangère rien que par l’imitation, comme pour la langue maternelle, parce que le maître n’utilise que cette langue durant le cours, est motivant et naturel.
La mission de l’école n’est pas seulement d’éduquer. Sa mission, particulièrement importante aujourd’hui, est sociale, quel que soit l’endroit, quel que soit le quartier où elle se trouve : toute salle de classe est un espace protégé où l’on apprend ce que l’on devra pouvoir faire plus tard en grand, seul, dans le monde. Là aussi, les écoles Steiner ont découvert quelque chose : plus, dans une classe, les capacités sont hétérogènes, plus l’intérêt, la tolérance et l’entraide entre enfants se développent.
De nombreuses études ont montré également que l’hétérogénéité ne nuit pas aux performances individuelles. Vu ainsi, éduquer est une mission pour notre temps. Quand on peut être un artiste de l’éducation.